Le traumatisme psychique peut laisser des traces profondes dans le corps, le cerveau et l’esprit. Il peut se manifester par une mémoire traumatique qui ramène sans cesse le passé dans le présent, à travers des émotions ou sensations envahissantes. Dans cet article, découvrez comment les chercheurs et cliniciens expliquent ces mécanismes, et quelles sont les pistes pour dépasser le trauma et retrouver une unité intérieure.

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Quand le passé ne passe pas tout à fait…

Le psychotrauma n’est pas seulement un « mauvais souvenir » ou une épreuve difficile à dépasser. C’est une blessure invisible qui s’inscrit à plusieurs niveaux : dans le corps, dans le cerveau et dans l’esprit. Il survient lorsqu’un événement est si violent, imprévisible ou répété que nos capacités habituelles d’adaptation et de protection sont dépassées.

« Le traumatisme ne se réduit pas à un événement du passé. Il continue de vivre dans le corps et l’esprit, jusqu’à ce que nous puissions en faire une histoire intégrée. »

Bessel van der Kolk

Le psychiatre Bessel Van der Kolk parle du traumatisme comme d’une empreinte vivante : l’événement n’est pas seulement enregistré dans la mémoire, il se grave dans la biologie. Le corps garde la trace de ce qui a été vécu :

• Hypervigilance permanente, comme si le danger était toujours là.

• Réactions automatiques de fuite, de lutte ou de sidération.

• Tensions musculaires, douleurs chroniques, troubles du sommeil ou de la digestion.

Le cerveau, lui, fonctionne alors en mode de survie : les zones chargées de traiter les émotions et la mémoire (notamment l’amygdale et l’hippocampe) s’activent de façon atypique. Le traumatisme reste présent « ici et maintenant », même s’il appartient au passé.

La mémoire traumatique

Muriel Salmona décrit la mémoire traumatique comme un phénomène où l’événement n’est pas intégré comme un souvenir ordinaire.

• Il reste figé, fragmenté, hors du temps.

• Il peut resurgir brutalement à travers des flashbacks, cauchemars, sensations physiques ou émotions intenses.

La personne revit alors la scène comme si elle se produisait de nouveau.

Cette mémoire particulière explique pourquoi le traumatisme n’est pas une « faiblesse de caractère » : c’est une réaction neurobiologique, hors du contrôle volontaire.

Peut-on dépasser le trauma ?

La bonne nouvelle, c’est que le trauma n’est pas une fatalité. De nombreux chercheurs et cliniciens (Janina Fisher, Onno van der Hart, Bessel van der Kolk…) montrent qu’il est possible de restaurer un sentiment de sécurité intérieure et de réintégrer les morceaux de soi éparpillés par l’expérience traumatique.

Quelques pistes clés :

• Apprendre à réguler les réactions corporelles (respiration, ancrage, mouvements).

• Recréer un lien entre corps et esprit, souvent rompu après le trauma.

• Donner sens et cohérence aux fragments mémoriels dispersés.

• Retrouver une identité plus unifiée, où le passé cesse de prendre toute la place.

Ce chemin peut être long, parfois sinueux, mais il permet d’ouvrir de nouvelles perspectives : réapprendre à habiter son corps, à faire confiance à ses émotions, à reprendre sa vie en main.

Pour aller plus loin

Rendez-vous sur le site de l’association MEMOIRE TRAUMATIQUE ET VICTIMOLOGIE crée par Muriel Salmona pour en apprendre davantage sur ce sujet.

Vous trouverez également des informations complémentaires sur le site internet de Bessel Van der Kolk, psychiatre et chercheur américain à l’origine, notamment, de la reconnaissance du Stress Post Traumatique.

Bibliographie

• Bessel van der Kolk – Le corps n’oublie rien. Le cerveau, l’esprit et le corps dans la guérison du traumatisme (Éditions Albin Michel, 2018).
• Muriel Salmona – Le Livre noir des violences sexuelles (Éditions Dunod, 2013).
• Janina Fisher – Guérir du traumatisme complexe : dissociation et émotions (Éditions Satas, 2021).
• Onno van der Hart, Ellert Nijenhuis, Kathy Steele – Le Soi hanté. Dissociation structurelle et traitement de la dissociation traumatique (Éditions Satas, 2010).

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